Cour Arrière – L’infolettre signée OCP

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L’ÎLE DU LAC EN CŒUR DE MONSIEUR CROTEAU

Aménagement durable – Revégétalisation d’une bande riviraine

Il y a des ces projets qui vous inspirent, vous motivent. Vous savez, de ceux qui vous forcent à sortir l’arsenal d’ingéniosité, bref, qui vous « challengent » particulièrement! L’île de monsieur Croteau en est un de ceux-là.

Fermez-vous les yeux … heu ouain non! 😉 Il faut s’imaginer un domaine s’étalant sur 250 acres dont seulement un peu plus de 7 acres et demie sont aménagés, occupés ou exploités. Ceux-ci accueillent une maison, des bâtiments de ferme, des chevaux, des poules, des oiseaux, Dalia la chienne de la famille et un lac en forme de coeur. 200 acres sont boisés et 43 sont en prairie et pacage. Vous savez, un endroit où nature et humain cohabitent harmonieusement bien. Dans cette histoire de paysagement durable ici racontée, l’action se tourne plutôt vers le fameux lac en cœur et son île.

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Ce lac qui vient ajouter du caractère à la géographie du terrain fait 2 acres et demie et on y trouve, isolée en son centre, une île. Selon une évaluation à l’oeil (nous n’avons pas le chiffre précis mais on joue dans les mesures au quotidien ;-)), elle fait environ 40 pieds de diamètre. Depuis les 15 dernières années, il a été possible pour monsieur Croteau de constater que l’île a perdu 3 pieds tout autour. Une perte de sol accélérée dans les dernières années, car la pente de la berge devenait de plus en plus abrupte. Une situation qui préoccupait monsieur Croteau et à laquelle on souhaitait respectueusement et ingénieusement remédier.

Mais, pourquoi toute cette perte de sol?!? Nos connaissances, nos observations et nos échanges avec monsieur Croteau nous ont permis d’en venir aux multiples facteurs qui lassaient lieu de croire à la dégradation des berges de l’île. D’abord, le manque de végétation sur le pourtour de l’île fut le premier constat établi lors de l’analyse de la situation. Une bande riveraine dénudée est synonyme d’érosion et d’une rive fragile et instable. Sans cette ceinture naturelle composée d’arbustes, de plantes, d’arbres et par le fait même,  de racines, de tiges, de branches et de troncs, les remparts pour contrer l’érosion causée par l’eau ne sont plus. En plus du vent, de la pluie, de la glace et des vagues, les bernaches et autres oiseaux migrateurs se révélaient également une cause, non négligeable, à la perte de sol observée. Hé oui! La faune peut également jouer un rôle dans la dégradation des sols, mais ce dans certains cas. Tout comme dans le cas présent …

Sur la partie du domaine aménagé, on y compte une quinzaine de bernaches, 40 à 50 canards colverts qui eux passent tout l’été au domaine puis 4 oies domestiques qui elles y vivent à l’année. Le lac et l’île sont donc une halte migratoire estivale pour les bernaches et les canards, en ce qui concerne les oies, on parle d’une résidence permanente quoi! Tous se nourrissent à même le lac ou encore se prélassent sur l’île. Les oiseaux qui souhaitent trouver repos sur l’île n’y vont pas systématiquement en volant, mais bien en marchant. Par exemple, la bernache du Canada est l’un des dix plus grands oiseaux migrateurs du pays. Donc, il est facile de comprendre que les pattes et les griffes de bonne taille qui s’agrippent au sol instable afin de faciliter la montée sur l’île n’aident également pas à la perte de sol. Hé oui! La présence de la gent aillée est un autre élément qui s’ajoute à la liste des facteurs influençant la dégradation de la berge de l’île.

Au regard de ces nombreux facteurs, le constat était clair : l’île s’érodait et si rien n’était mis de l’avant pour empêcher la situation, elle allait tout simplement disparaître. Une avenue tout simplement impensable pour notre client. Nous avons donc réfléchi, élaboré et présenté le plan de match! Tout ça considérant qu’il y avait un seul accès à l’île soit en passant par un pont de métal. Bien entendu, il aurait eu la possibilité d’y accéder par canot, radeau, chaloupe ou autre mais vous comprendrez que ces options ont été exclues. 😉

Donc l’idée, inspirée de moult recherches et découlant de nos 30 années d’expérience, était de :

  • Transporter matériel et plus ou moins 30 tonnes de roches par le pont.
  • Piquer une membrane géotextile dans le fond et tout en haut du talus.
  • Ajouter de la terre sur ledit géotextile.
  • Refermer la membrane de tissu technique par-dessus la terre ajoutée.
  • Enrocher et ensabler le dessus de la poche ou encore la nouvelle extension, et ce, avec des roches et du sable récupéré dans le lac.
  • Créer un corridor enroché afin que les oiseaux puissent toujours avoir accès à l’île.
  • Créer des ouvertures pour plantation.
  • Planter : cornus stolonifera (indigène , enracinement très fort).
  • Admirer fièrement le travail!

Depuis la restructuration les oiseaux passent par la roche (passage prévu à cet effet) et les végétaux nouvellement plantés ont poussé. Nous sommes impatients de voir le projet évoluer au fil du temps. Nous sommes très fiers d’avoir pris part à ce projet de conservation, de volonté de faire, de grand respect de la nature. Un endroit où chaque détail est pris en compte pour maintenir l’équilibre des différents écosystèmes qui tiennent en place; un domaine qui, on peut en témoigner, est de toute beauté!

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